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Dans l’imaginaire collectif, l’agriculture produit des biens alimentaires, comme des céréales, de la viande et des légumes. Mais, plus surprenant, l’agriculture peut également produire un hydrocarbure : le méthane. Derrière ce fait contre-intuitif se trouve un processus naturel que les technologies modernes permettent d’utiliser afin de produire une source d’énergie renouvelable.
La production de méthane par l’agriculture
Aussi appelé biogaz, le méthane issu de l’agriculture est produit par un système de décomposition naturel de déchets organiques. Les matières organiques, des résidus de récoltes et des excréments des animaux d’élevage, peuvent produire du méthane en se décomposant en absence d’oxygène via l’action de bactéries. Les résidus de cette décomposition ne sont que des minéraux, que l’on appelle couramment le digestat.
Ce processus permet donc de valoriser les déchets usuels des exploitations agricoles afin de produire du biogaz. Or, vous vous en doutez, ces déchets ne manquent pas dans le secteur de l’agriculture ! Une exploitation de taille moyenne en produit plusieurs dizaines de tonnes par an. Pour les fosses à lisier, le stockage des excréments de cochon étant encadré, c’est même un moyen de valoriser ce qui ne pouvait alors l’être que pour l’engrais des cultures. C’est donc une réelle énergie renouvelable, bien que légèrement polluante, il est vrai, lorsque le gaz est brûlé.
L’installation d’une unité de production de biogaz peut donc permettre un réel complément de revenu pour les agriculteurs. Cependant, pour être rentable, un méthaniseur doit être alimenté par un certain nombre de tonnes de déchets organiques par jour. Des milliards de bactéries vont ensuite décomposer les déchets avant de ne rendre que trois résidus, du méthane pur à 98 %, du CO2 et des déchets minéraux qui peuvent à leur tour être recyclés une nouvelle fois comme engrais pour les cultures.
C’est donc un engagement écologique, qui permet de réduire l’empreinte environnementale des exploitations agricoles. C’est notamment vrai pour les éleveurs de bovins ou de porcins, qui trouvent donc dans une unité de biométhane un moyen d’être plus écologique tout en ayant une source de revenus supplémentaire.
Les usages du méthane d’agriculture
Les usages du méthane produits à partir de déchets agricoles sont très variés. Une première option est l’auto-consommation, c’est-à-dire qu’un agriculteur disposant d’un petit méthaniseur peut l’utiliser pour chauffer et éclairer sa propre installation. Recycler ses déchets organiques en méthane peut donc permettre à un agriculteur de réduire ses dépenses sur le long terme.
Les agriculteurs peuvent également vendre le méthane ainsi produit, mais cela peut demander des investissements plus lourds à cause des besoins de stockages. Les grands méthaniseurs avec stockage et parfois même convertisseurs à l’état liquide sont donc souvent gérés en commun par plusieurs agriculteurs.
Certaines municipalités en milieu rural, ou certaines coopératives, achètent donc de grandes unités de production de méthane afin de collectiviser les sources et les revenus. En effet, certains villages utilisent le méthane issu des méthaniseurs pour faire fonctionner les bus municipaux. Via le méthane, l’agriculture pourrait donc bien être une solution pour sortir des énergies fossiles. De plus, lorsqu’il est liquéfié, le méthane peut être revendu à GDF, qui se charge ensuite de l’intégrer dans le réseau de gaz naturel français.
L’état achète le biogaz cinq à dix fois plus cher que le gaz naturel issu du pétrole afin de permettre à cette filière d’émerger en France. En effet, le méthane issu de l’agriculture représente de nombreux points positifs pour le pays. Cela permet tout d’abord de réduire la part de pollution du secteur agricole en France, le méthane étant une énergie renouvelable, et permet donc au gouvernement de respecter les accords de Paris sur la neutralité carbone du pays.
Cela permet également d’être moins dépendant de pays étrangers pour la fourniture de gaz naturel. En développant cette filière, la France sera donc de plus en plus autonome énergétiquement. De plus, de nombreuses aides de la part de l’État sont disponibles pour les agriculteurs, les coopératives et les collectivités qui souhaitent s’équiper d’un méthaniseur. Cela permet de réduire d’autant plus les coûts, et donc d’améliorer la rentabilité d’un tel investissement.
Dans la même lignée, les banques hésitent de moins en moins à suivre financièrement de tels projets, notamment grâce aux garanties de prix de l’État. La création d’un projet de méthaniseur est donc de plus en plus accessible en France, plus d’informations ici.